« Trying to get in between a body and its shadow » : apprendre d’Anne Carson pour traduire Anne Carson
En marge de l’éthique traditionnelle de la traduction (Berman 1984), des auteurs expérimentaux comme Anne Carson semblent traiter la pratique traductive comme un genre à part entière. Académique, traductrice et poétesse, Carson entretient avec son texte-source et son auteur une relation symbiotique qui lui permet d’aborder la traduction avec une radicale libéralité. Transcréation, re-création, analyses herméneutiques, et subversions traductives sont au service d’une tentative érotique de possession, « where the echo reverberate[s] » (Benjamin 1988 ; 77).
Cette présentation se propose d’explorer l’approche carsonienne à la traduction afin de l’exploiter à son tour dans la traduction d’une de ses œuvres personnelles. Le cycle de la recherche-création, si proche du processus créatif d’Anne Carson, permet à la fois de répondre à, s’interroger sur, et se délivrer de l’auteur-source. Entre appropriation, pastiche inter-linguistique et écriture authoriale, il s’agit de trouver « a third space to be » (Carson 2008) où la traduction existe comme tremplin à la création littéraire.
Pauline Jacon est étudiante à l'ESIT (École supérieure d'interprètes et de traducteurs), Université Sorbonne-Nouvelle - Paris 3.