Traduction et censure : le théâtre traduit sous deux dictatures au Brésil (1937-1945,1964-1985)
À partir de l’analyse du contexte historique et politique et des documents repérés dans les archives ésiliennes de deux dictatures, nous avons constaté que les traductions (de plusieurs genres) faisaient souvent l’objet de censure pendant ces deux périodes. Vu son grand pouvoir de refléter les discours politiques et les idéologies, et d’influencer directement un large public, la traduction théâtrale a fait l’objet d’une censure particulièrement répressive (Westfall 2002). Nous avons observé, cependant, que la censure n’était pas appliquée de la même façon pendant les deux dictatures : censure systématique et préalable à la diffusion des pièces, durant la première (Estado Novo, 1937-1945) ; et aléatoire et « violente », durant la seconde (Ditadura Militar, 1964-1985). En conséquence, les traducteurs ont utilisé des stratégies et des procédés de traduction très divers (ajout, omission, adaptation, substitution, euphémisation, paraphrases, entre autres modalités de manipulation textuelle) afin de s’adapter à la censure ou de la contourner. À partir du cadre théorique des études descriptives et interculturelles de la traduction (Toury 1995 ; Lefevere 1992) et de l’analyse d’extraits de pièces de théâtre repérés dans les archives ésiliennes, nous réfléchirons dans cette communication aux différentes fonctions de la traduction sous la censure et illustrerons les stratégies utilisées par les traducteurs pour contourner les divers mécanismes de censure.
Sônia Fernandes a fait ses études de premier cycle en psychologie et en traduction à l’Université de Brasília (Brésil). Elle détient une maîtrise en traduction de l’Université de Montréal où elle poursuit des études doctorales en traduction, et est chargée de cours et assistante de recherche du groupe Histal (Histoire de la traduction en Amérique latine). Depuis 2014, elle fait partie du comité organisateur de la JETT (Journée étudiante en traduction et en terminologie de l’Université de Montréal) et, depuis 2015, du colloque étudiant international du RÉLAM (Réseau d'études latino-américaines de Montréal). Ses intérêts de recherche portent sur l’histoire de la traduction en Amérique latine, la politique linguistique, les langues minoritaires, la censure en traduction et la traduction politique. Actuellement, elle travaille au Cirque du Soleil comme traductrice et interprète du portugais et de l’espagnol.